lundi 14 novembre 2022

Dimanche 13 novembre 2022, 33ème dimanche du Temps Ordinaire

A l'occasion de la rencontre internationale du CPM - Village Philoté -  Église du Christ-Roi.

Face à des situations terribles, d’ébranlement du monde ou des persécutions, le Christ nous invite à ne pas se laisser égarer, ne pas se préoccuper de notre défense et à persévérer dans la fidélité. Voilà donc ces paroles qui nous sont données pour aujourd’hui.

Car nous ne pouvons pas nier que nous vivons aujourd’hui une forme d’ébranlement du monde, et notre société est désormais touchée par ce qui a déjà affecté bien des populations sur notre planète.

Ainsi, nous sommes affectés de manière concrète par le changement climatique qui se déroule sous nos yeux. Nous sommes affectés par les crises géopolitiques qui prolongent d’une autre manière les effets de la crise sanitaire. Nous sommes affectés par les limites, les impasses et les dérives de notre modèle social, économique et politique. Et pour le dire au passage et devant vous, comment ne pas voir combien le mariage et la famille sont non seulement transformés par cette situation, mais profondément mis à mal. De plus, à cette situation « du monde » qui nous affecte concrètement, il faut ajouter la situation de notre Église, affectée de bien des manières aussi : l’ampleur des persécutions chrétiennes en divers lieux comme en Inde, en Afrique ou au Moyen-Orient. Les crises internes, enfin, celles des abus et les actions menées par ceux qui instrumentalisent cette crise. Des courants dits « progressistes » ou « traditionalistes » poussent leur avantage, manipulés parfois par d'autres courants philosophiques et politiques qui veulent mettre au pas l’Église.

Devant ces situations, nous entendons alors ces paroles : ne pas se laisser égarer, ne pas se préoccuper de notre défense, persévérer dans la fidélité. Voilà donc des paroles du Seigneur qui nous sont données pour aujourd’hui. Mais que peuvent-elles concrètement signifier aujourd’hui ? En quoi peuvent-elle être efficientes ? C’est là, je le reconnais, que ma prise de parole devient délicate et j’en accepterais volontiers les critiques. Mais voici ce que je crois devoir dire.

Pour commencer, je pense qu’il est nécessaire de pouvoir tenir les trois appels ensemble puisque la parole de Dieu nous les livre ainsi. Celle qui conclue la série, « persévérer dans la fidélité » me paraît cependant être au cœur de ce que nous appelle à vivre le Christ. La persévérance – c’est-à-dire être fidèle, garder la foi pour garder la vie – renvoie chacun de nous et tous ensemble à notre lien avec le Christ vivant. Sans oublier que cette foi en Christ ne prend pas uniquement sa source dans une relation personnelle et subjective, mais aussi par l’Église qui l'a dévoilée, éclairée et nous a permis de l’approfondir par ce qui constitue sa tradition en matière de foi, de liturgie et de mœurs. Faut-il le rappeler, cette tradition est le fruit du discernement opéré par le corps épiscopal, successeur des apôtres, conduit par la grâce, qui – au passage – n’a pas toujours brillé à travers les âges. Persévérer, c'est donc rester fidèle au Christ, à son Évangile reçu en Église pour avoir part à sa résurrection.

Le deuxième appel du Christ est probablement le plus délicat à comprendre, mais promesse de fécondités nouvelles. Car finalement, se préoccuper de sa défense, c’est se trouver sur la défensive et ce qu'elle peut entraîner : crispations, dénis, fermetures à l’Esprit. J’entendrais ici l’appel du Seigneur à se saisir sans peur des questions pastorales que nous devons affronter en Église, confiants dans la sagesse que le Seigneur nous donnera dans notre manière de conduire l’Église, attachés encore une fois à lui, en Église, dans la tradition reçue pour discerner les changements qui s’imposent. La démarche synodale que l’Église est en train de vivre est à vivre en ce sens.

Enfin, ne pas se laisser égarer, premier et troisième appel. Il est sûr que si nous sommes fidèles au Christ en Église, il nous sera facile de vivre cet appel. Dans la tradition de l’Église, cet appel à ne pas se laisser égarer s’est traduit par l’extrême prudence qu’il convient d’avoir vis-à-vis des révélations privées, surtout quand elles sont marquées par un manque de miséricorde ; prophéties qui en vérité prennent source dans nos peurs et nos angoisses ; prophéties qui tuent l’Espérance, la Foi et finalement la Charité. Or, aujourd’hui, certains voudraient – au nom de leurs idées, aller vite et – d’une certaine manière se substituer à l’autorité du pape ou des évêques en égarant bien des membres de l’Église. 

Dans nos situations angoissantes, le Christ nous adresse ces trois appels : ne pas se laisser égarer, ne pas se préoccuper de sa défense, persévérer dans la foi. Pour vivre cela, encore une fois, il nous est donné par l’Église de célébrer l’Eucharistie. Aujourd’hui, le Christ se donne à nous dans le mystère de sa croix et de sa résurrection pour que nous soyons son Église, pour faire de nous, les témoins de l’Espérance qu’il nous donne : « Confiance, n’ayez pas peur, je suis vainqueur du monde. » 

H. GAIGNARD

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